Page:Marguerite de Navarre - Deux farces inédites, éd. Lacour, 1856.djvu/26

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stes folles

   Qui vous chevallent pour leur bien.
   Et pour rungner; ils savent bien
   Que vostre père est homme large;
   À soupper l'auront, à la charge
   Qu'il portera du vin assez
   Pour dix buveurs, maistres passez;
   Ou bien chez luy s'en yront boyre.
   Parquoy, si vous m'en voulez croyre,
   Rien contre ce gré ne ferez
   De père et mère; et penserez
   Que Dieu veult que soubz leur puissance
   Demourrions en obeyssance.
   Songez-y bien.

CATHERINE.

                  En telle affaire,
   C'est chose saincte de ne faire
   Compte de ses parents.

CLÉMENT.

                          Sans fainte?
   Pour Jésus-Christ, c'est chose sainte
   De n'obeyr à père et mère?
   En quelque cas c'est chose amère,
   Les contempner en autre endroict;
   Car ung filz humain qui vouldroit
   De malle façon laisser mourir,
   --J'entends s'il le peult secourir,--
   Son père ydolastre ou ethicque,
   Il seroit ung vray filz inicque;
   Mais si vous n'aviez le baptesme,
   Et la mère, ou le père mesme,
   Vous voulust garder de le prendre,
   Lors à eulx ne devez entendre,
   Où s'ilz vouloiènt vous mettre en teste
   De faire chose deshonneste,
   Allors pourriez, en vérité,
   Contempner leur autorité;
   Mais qu'a besoing tout ce mistère
   De couvent ne de monastère?
   Vous avez, en toute saison,
   Jésus-Christ en vostre maison.
   Davantaige, ainsy que je trouve,
   Nature dict et Dieu approuve,
   Sainct Pol remonstre fort et ferme,
   Et la loy humaine conferme,
   Qu'enfans obeyr sont tenuz
   À un père dont ilz sont venuz:
   Voulez-vous de dessoubs les mains
   De vos parents doulx