Page:Marguerite de Navarre - Deux farces inédites, éd. Lacour, 1856.djvu/30

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et louent,

   Ne l'avez-vous, quant tous voz bienz
   Vos parens les ont, et vous riens?
   Toutes fois les vierges vouées,
   Jadis, estoient surtout louées
   Des doctes et des sainctes gens
   De subvenir aux indigens,
   Selon la fortune et l'affaire:
   Ce quelles n'eussent pas sceu fere
   Si leur bien n'eussent regenté.
   Au reste, quant à chasteté,
   La vostre n'empirera point
   En vostre maison. Par ce point,
   Vous voilà nonnain. Autant vault.
   Dictes-moy que c'est qu'il s'en faut
   Ung certain voille, une chemise
   Qui dessus la robe soit mise,
   Au lieu que dessoubz on la porte,
   Et des mynes de mainte sorte,
   Qui, de soy, ne font valloir mieulx
   La personne devant les yeulx
   De Dieu, qui nostre cueur regarde.

CATHERINE.

   Vous me comptez quand je y prens garde
   Choses estranges et nouvelles.

CLÉMENT.

   Mais très vrayes et toutes telles
   Comme je le dy.

CATHERINE.

                  Certes cy est-ce
   Qu'au cueur n'auray jamais liesse,
   Si sans espoir on contredit
   Religion!

CLÉMENT.

             Voilà bien dict!
   Prinstes vous pas au baptesme
   Religion?

CATHERINE.

             Si feiz!

CLÉMENT.

                     Et mesme
   Tous ceulx qui soubz Jésus-Christ vivent
   Et ses commandemens ensuyvent
   Ne sont-ilz point religieux?

CATHERINE.