Page:Marguerite de Navarre - Deux farces inédites, éd. Lacour, 1856.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la dévotion

   Font cesser toute loy humaine.

CLÉMENT.

   Le faict de la foi se devant
   Ailleurs et principallement
   Au baptesme: icy seullement
   N'est question que de changer
   D'acoustremens, et se renger
   À ne sçay quel genre de vye
   Qui n'est bon ne mauvais de soy.
   Je suis marry quant j'apperçoy
   Combien avec la liberté
   Vous perdez de commodité!
   Maintenant, il vous est licite
   Dedans vostre chambre petite,
   Lyre à part vous, estudier,
   Faire oraison, psalmodier.
   Quant et autant il vous plaira:
   Et des qu'il vous y faschera,
   Vous povez ouyr las canticques,
   Au service divin aller,
   De Dieu en chaire oyr parler;
   Ou bien, si quelque fille ou dame,
   Qui soit bonne de corps et d'ame,
   Vous trouvez, ou homme sçavant,
   Ils vous pourront mettre en avant
   Cent bons propos, desquelz à l'heure
   Vous pourrez devenir meilleure;
   Et pourrez eslire et sercher
   Homme qui sçache bien prescher
   Jésus-Christ sans capharderye.
   Si une foys en moynerye
   Vous entrez, perdre vous convient
   Ces choses là, desquelles vient
   Ung grand prouffict quant à la foy.

CATHERINE.

   Mais tandis, à ce que je voy,
   Je ne seray point nonnain?

CLÉMENT.

                             Non.
   Et si serez, puisque ce nom
   Vous plaist si fort! or audience:
   Elles s'enflent d'obédience,
   Et vous n'avez vous pas cest heur
   D'obeyr à vostre pasteur
   Et aux parens, comme est escript
   En la reigle de Jésus-Christ?
   Quant à pauvreté qu'elles vouent
   Et dont tant s'estiment