SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. l’auteur du Cymbalum mundi, dont le titre énigmatique, étranger au sujet de l’ouvrage, exprimerait par une image assez juste le bruit inutile dont ce logogryphe a rempli le monde littéraire ; les uns ont prétendu voir dans le Cymbalum un effroyable traité d’athéisme dissimulé sous les formes d’un badinage exquis ; les autres ont trouvé que cet opuscule trop vanté n’avait ni sel ni sauge, ni pieds ni tête. Voltaire était de la seconde opinion, c’est pourquoi peut-être M. Nodier est de la première ? M, Nodier s’est déclaré l’admirateur enthousiaste de Desperriers ; Desperriers, selon lui, est « un « des trois grands esprits qui ont dominé la pre « mière moitié du xvie siècle, et auxquels les âges « anciens et modernes de la littérature n’ont pres « que rien à opposer. » Homère, Sophocle et Virgile se sauveront à la faveur de ce presque miséricordieux. Desperriers « a fait la langue de Mo « lière, de La Fontaine et de Voltaire. » Si Voltaire n’a pas goûté le Cymbalum, c’est qu’il n’avait pas lu cet ingénieux chef-d’œuvre du moderne Lucien ; il a soutenu « le paradoxe d’un étourdi. » Voilà bien des éloges. Ce serait dommage que Desperriers, comme le veulent certains critiques, ne fut ni l’auteur ni même le traducteur du Cymbalum mundi. Je n’ai point à me prononcer sur ces hau-
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