Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/146

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NOTICE

dont on se soit jamais avisé pour désigner le mystère de l’incarnation. Si Marguerite avait été dans les dispositions qu’on lui suppose, ce pot et cette farine auraient bien dû la faire rire. Mais non ; rien n’était plus sérieux, ni plus éloigné de l’idée de travestissement. C’était la belle rhétorique de ce temps-là, et Briconnet passait parmi ses contemporains pour un foudre d’éloquence. Souvenons-nous que, même au xviie siècle, Omer Talon, le Démosthène du Parlement, haranguant le petit roi Louis XIV, lui conseillait encore de réfléchir « sur la diversion naturelle des « maisons célestes, sur l’opposition des astres et « des aspects contraires, qui composent la beauté « de la milice supérieure. » Tout cela à l’occasion des édits bursaux de Mazarin ; et cette harangue fut trouvée très-belle. Qu’est-ce que le goût ? qu’est-ce que les réputations, considérés à deux ou trois siècles de distance ? Il y a de quoi rendre modestes les gens qui ont des réputations et la prétention d’avoir du goût. Revenons à l’évêque de Meaux. Voici un autre échantillon de l’imagination et du style de ce singulier prédécesseur de Bossuet. Il s’agit toujours du mystère de l’incarnation : « O que bienheu «  reuse est l’âme fidèle, qui, par union au boulet « du double canon fondu en la fournaise virginale,