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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. plein et chargé de pouldre d’amorce, est par « charité enflambé pour forcer le royaulme des « cieux auparavant imprenable ! O abisme sonore « et mine infinie de pouldre anéantie, et four «  naise d’amour inextinguible, tout attirant, « partout tirant, etc. ! » Toute cette éloquence ne serait pas conforme au goût et aux habitudes d’alors, si elle ne s’appuyait sur des citations latines. Le prélat les tire ordinairement de l’Écriture ; mais il fait un singulier usage des textes que lui suggère sa formidable érudition. Par exemple, le pot de la nature humaine et la farine sans levain, il a trouvé cela dans le quatrième livre des Rois. Voici un trait qui n’est pas moins beau. Marguerite s’étant servie d’une image tirée de la flamme, l’évèque riposte par trente-six pages, où il n’est question que du feu, de la chaleur, des soufflets et des torrents. « L’étendue de vostre royauline, biens « et honneurs, doibvent estre voix excitative et gros

soufflet pour allumer ung torrent de feu « d’amour de Dieu. Hélas, madame, j’ay paour qu’il ne soit à malaise, car, comme dit Jérémie, « le soufflet qui doibt allumer le feu y est failly : defecit suffatorium in igne’. (c

(C CC

ll y a dans JÉRÉMIE, c. 11, vers. 29 : Defecit sufflatorium ;