Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
139
SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. sophes du xviie siècle, Marguerite ne paraît pas en avoir su le nom ; mais si elle en parla moins, elle la pratiqua mieux que Voltaire lui-même. Aussi tout ce qu’il y avait de gens de lettres en France, poëtes, historiens, philosophes, tous s’élançaient vers la reine de Navarre ; et nonseulement en France, mais encore à l’étranger. Érasme et Mélanchton lui adressaient des lettres en latin ; le premier la remercie au nom d’un pauvre étudiant allemand qu’elle défrayait à l’Université, et, d’après le témoignage de Sleidan, beaucoup d’autres étaient dans le même cas. Postel revenant de Turquie était reçu en audience publique par François Ier et la reine de Navarre, et Marguerite, non contente de l’avoir fait nommer au Collége de France, lui faisait une pension particulière. François ſer n’était que l’instrument, la reine de Navarre était la pensée qui le dirigeait. François Ier était incapable d’apprécier la valeur de Postel en tant que linguiste versé dans la connaissance des idiomes de l’Orient ; mais la reine de Navarre pouvait le faire, elle qui avait pris des leçons d’hébreu de Paul Paradis. C’est par l’entremise de la reine de Navarre qu’Amyot obtint la chaire de professeur en grec et en latin au collége de Bourges. Il l’occupa dix années, et dans ses Mémoires écrits par lui-même, il compte