Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/158

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NOTICE

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religion ont été l’objet. Elle-même combattra victorieusement dans sa propre cause ; il suffira

d’avoir obtenu pour peu de place et de lumière où elle pût se produire. Le vif intérêt, la protection efficace dont Marguerite favorisa toute sa vie les littérateurs, se révèle en plusieurs endroits de ses lettres, mais point assez encore pour faire apprécier l’influence de cette bonne princesse sur les progrès de l’intelligence au xvie siècle. Ce qu’on appela son protestantisme serait appelé aujourd’hui, d’un terme plus juste, esprit philosophique, sympathie pour les recherches des libres penseurs. Et si Marguerite leur eût manqué, qui donc en France eût osé appuyer Lefebvre, Roussel, Marot, Desperriers, Berquin, Dolet, Du Moulin, Postel, et tant d’autres ? Et plût à Dieu qu’en les défendant à ses propres périls, elle eût réussi à les sauver tous du bûcher ! Cette protection, remarquez-le bien, ne se démentit jamais ; dans un temps où la ferme adhésion de la reine de Navarre aux doctrines de l’Église catholique n’était plus suspecte, vers la fin de sa vie, ce zèle pour les protestants illustres et persécutés ne s’attiédit point. C’était de la tolérance, dans le sens le plus noble et le plus étendu. Cette tolérance, qui était le mot du guet, le shibboleth des philo-