Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
DE LA REINE DE NAVARRE.

se porte bien, si vous asseureray-je que icy en trouveriez une petite tant plaisante, que n’auriez regret d’avoir entreprins ce voyaige. Je ne vous en diray plus pour ceste heure, sinon que je prie Nostre Seigneur vous donner l’aise que vous désire, de Bloys, ce pénultième jour d’aoust,

Vostre bonne cousine et amye, Marguerite.

[F. Béth., no  8614, fol. 71. Dictée.]


3. — AU MÊME.

Mon cousin, je voy bien que le séneschal de Pouitou ne vous donnera point le tort pour ceste heure, puisque prenés la paine à m’escripre, dont me faictes ung merveilleux plaisir, et congnois que l’aise de veoir vostre fils ne vous a point ousté la souvenance de moy ; sy ne suis-je pas marrie de sa venue, car le maistre n’est guères bien accompagné. Je ne fais doubte que madame et vous luy avés bien dict sa lesson. Je treuve fort estrange que le seigneur de Chasteaubriant use de main mise[1] ; mais c’est pour dire gare à ceux quy luy voudroient faire ung mauvais tour. Au regart de la dame, l’on dict voulontiers : Tel se mire qui n’est pas beau, et tel se baigne qui n’est pas nest. Il y en

  1. Use de main mise. Il paraît par ce passage que M. de Châteaubriant, dont au reste la jalousie éclata assez d’autre manière, battait sa femme, Françoise de Foix, alors maîtresse déclarée de François Ier.

    Je suis si saoul des femmes !
    Et je suis si ravi quand quelques bonnes âmes
    Se servent de main mise un peu de temps en temps !

    (Regnard, Folies amoureuses.)