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DE LA REINE DE NAVARRE.

41. – AU MÊME. (2 décembre 1525.)

Mon cousin, ce porteur vous dira des nouvelles de mon diligent voyage, suivant ce que, par le commandement du Roy, m’avés escript ; à quoy, sy je puis, ne fauldray, en sorte que je pourray faire Nouël à Narbonne. Que ce soit sans desplaisir de l’eslongner’ sy

hastifvement et de sçavoir sy peu comme il se porte, je ne le dis pas, car vous pouvés bien penser que sans luy faire service, l’ennuy de l’avoir laissé et la paine des longues journées ne me sont de peu

de travail. Toutesfois voyant que vous m’escripviés que je feisse toute diligence possible, et que bien toust me manderiés pourquoy’, en ay faict ce que la compaignie que je mène en a peu porter, comme plus au long vous dira ce porteur, qui porte au Roy ce que à ce soir Chasteauvieux m’a apporté de Madaine, où j’espère qu’il voira chouse qui luy plaira. Elle a esté malade, mais vous pouvés asseurer le Roy qu’elle est du tout en très bonne santé, et vous asseure que à mon arrivée en ce lieu, n’estois sans paine, tant du · De le quitter. Cette locution est familière à Marguerite. Charles V, averti qu’elle emportait l’abdication du Roi en faveur du Dauphin, méditait de la faire arrêter si, trop confiante, elle laissait expirer le terme du sauf-conduit avant d’avoir franchi la frontière. On voit par celte lettre que l’avis de cette trahison fut donné, non pas directement à Marguerite, mais à François Ier, qui le lui fit transmettre par Montmorency. J’ai dit, dans la vie de Marguerite, qu’on attribue ce bon office au connetable de Bourbon.