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DE LA REINE DE NAVARRE.

47. – A M. LE CHANCELIER D’ALENÇON’. De Roussillon’, 14 janvier (1526). M. le chancelier, j’ay esté bien aise d’avoir à mon retour d’Espaigne trouvé si seur porteur, pour par luy vous faire part de mes nouvelles, et comme je suis jusques à quatre ou cinq journées auprès de Madame cuydé demourer pour une chenste que je feiz, où je m’esclatay la peau dessus le genoul de près d’ung empan. Mais cela s’en va gary ; ce n’est le pis de mondict voyaige, puisque Dieu ne m’a donné la grace

de l’exécuter selon mon désir ; toutesfois je ne suis hors d’espérance qu’il fera mieulx que nous ne sçaurions penser. Je vous puis dire que j’ay eu affaire aux plus grans

dissimuleurs et gens où il se treuve aussy peu d’honneur qu’il est possible. Quelquefois bonne parole, mais incontinent après cela estoit changé ; j’ay mis peyne par tous les moyens qu’il m’a esté possible (comme assez, à mon advis, vous l’entendez) de sercher la paix, amitié et alliance de l’Empereur pour venir à la délivrance du Roy, et n’ay espargné chose qui se peust ou deust ; et pour toutes les gravités dont l’on m’a usé, a esté de me refuser de demourer en sa 2 Jean de Brinon. ( Voyez la lettre 56.) Bourg du département de l’Isère. Marguerite, dans une lettre précédente, a annoncé qu’elle séjournerait à Narbonne le jour de Noël seulement, et se rendrait tont de suite auprès de la Régente. On voit, par le post-scriptum, que Louise de Savoie était à Roussillon ; elle etait venue jusque-là au devant de sa fille.