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DE LA REINE DE NAVARRE.

34. AU MÊME.

(1526.) Mon fils, depuis la lettre de vous par ce porteur, j’ay receu celle du baillif d’Orléans, vous merciant du plaisir que m’avés fait pour le pouvre Berquin, que j’estime aultant que si c’estoit moy mesmes, et par cela pouvés vous dire que vous m’avés tirée de prison, puisque j’estime le plaisir fait à moy’. · Berquin (Louis), gentilhomme artésien, était conseiller de François Ier. Badius l’appelle le plus savant de la noblesse. Dénoncé au parlement en 1525, comme fauteur du lutheranisme, il refusa de sc soumettre à l’abjuration à laquelle il fut condamné ; sa qualité d’homme de lettres le sauva pour cette fois. Retiré à Amiens, il se remit à imprimer, à dogmatiser et à scandaliser. Nouvelle censure de la faculté de théologie, nouvel arrêt du parlement (1526). La reine de Navarre vint à son secours par le moyen du grand-maître A. de Montmorency. Érasme conseillait à Berquin, ou de se taire, ou de sortir de France ; l’obstiné prêcheur ne voulut ni l’un ni l’autre. En 1529 il fut repris et condamné au feu. (M. Tabaraud a consacré à Louis Berquin un bon article dans la Biographie universelle.) « De Loys Berquin,

« Le vendredy xvie jour d’apvril, mil vexxix, après Pasques, un « nommé Loys Berquin, escuier, seigneur dudict lieu, lequel pour « son hérésie avoit esté condampné à faire amende honorable devant l’église Nostre-Dame de Paris, une torche en sa main, et illec crier « mercy à Dieu, à la glorieuse vierge Marie, pour aulcuns livres qu’il « avoit faicts et desquels il vouloit user contre nostre foy, et d’illec « mené en la place de Grève, et monté sur ung eschaffault pour u monstrer ledict Berquin, afin que chascun le vist, et devant luy faire « ung grand feu

pour brusler tous lesdicts livres en sa présence, alın « de n’en avoir jamais nulle congnoissance ne mémoire ; et puis mene " dedans ung tombereau au pillory et illec tourné, ct avoir la langue C