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DE LA REINE DE NAVARRE.

voyé celles qu’il vous a pleu escripre à madame de Touteville, et si toust que j’auray sa responce, le vous escripray’. Mais j’espère, Monseigneur, que l’honneur que vous lui faictes rompra son obstinacion, et ne fauldra à venir icy avecques bon vouloir de vous obéir. Mais j’ay grant peur que sans vostre bonne aide et celle de Dieu, nous aurons bien allaire à sa fille, qui a pris si forte opinion au contraire, que si M. de SaintPol luy mesmes ne la luy ouste, sans vostre esprés commandement, je ne pense de rien y servir. Toutesfois, Movseigneur, puisque j’entends ce qu’il vous plaist y estre faict, je ne me défie pas que je n’en pregne toute la peine que je pourray, mais ouy bien

2 Cette affaire, qui donna beaucoup de peine à la reine de Navarre, et qui fait le sujet des cinq ou six lettres suivantes, est assez obscure. Voici ce que j’en ai pu démêler, par les lettres mèmes de Marguerite et par d’autres secours : Madame d’Estouteville, veuve, avait une fille unique, Adrienne d’Estouteville, que le Roi voulait marier à François de Bourbon, comte de Saint-Paul, frère cadet de Charles de Bourbon, duc de Vendôme. La mère et la fille résistaient à cette alliance. La nière, par des molifs de fortune et d’anıbition ; la filie, parce que M. de Saint-Paul avait eu une intrigue avec une demoiselle de la cour, appelée Bonneval. Cette passion n’était mène pas éteinte chez M. de Saint-Paul, mais M. de Montmorency travaillait efficacement à l’en détacher. Il y avait eu, à la fin du siècle précédent, un mariage entre um sieur d’Estouteville et une demoiselle Louise d’Albret. Cela ctablissait entre madame d’Estouteville et la reine de Navarre me sorte de demi-parente ; c’est pourquoi le Roi et Montmorency, qui protégeait François de Bourbon, chargèrent Marguerite de vaincre la mère et la fille.

Marguerite emploie sans, pour signifier à moins le ; à moins d’un commandement exprès du Roi, elle ne s’en melerait pas. 2