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DE LA REINE DE NAVARRE.

quy DE LA REINE DE NAVARRE. m’a aporté Moutoze, laquelle a esté très bien exécutée, comme par eux mesmes pourés entendre ; et croy que jamais le Roy ne feit chose quy estonnast tant ceux n’ont mestier que de mal parler, que ce quy a esté faict’. L’on est à ceste heure à parfaire le procès de maistre Gérard, où j’espère que, la fin bien congueue, le Roy trouvera qu’il est digne de mieulx que du feu,

et qu’il n’a jamais tenu opinion pour le mériter, ny quy sente nulle chose hérétique. Il y a cinq ans que je le congnois’, et croyés que sy je y eusse veu une chose doubteuse, je n’eusse point voulu souffrir sy longuement une telle poison, ny y employer mes amis. Je vous prie ne craigniés à porter ceste parole pour moy, Le Roi, après les premiers mouvements de son indignation, mieux conseillé, peut-être par sa sœur, ordonna

que les Allemands

prisonniers seraient renvoyés avec les pièces de leur procès, pour être jugés par leurs souverains respectifs. (Lettre de Sturm à Mélanchton , dans STROBEL, V, p. 47.) Ceux qui n’ont mestier que de mal parler. Ces mots semblent désigner les sorbonistes. Noël Béda, le fougueux syndic de la Faculté de théologie, s’était déchaîné contre les sermons de Gérard Roussel, avec une telle fureur, qu’on avait été obligé de le chasser de Paris, lui et quelques-uns de ses partisans. « Natalis Beda urbe pulsus est cum aliis quibusdam sycophantis, qui adversus quemdam Gerardum furiose vociferati sunt, ac seditiosè quidem. Nunc Gerardus liberè docet evangelium in Lutetia. Hæc certa sunt, et mihi ex Parisüs ab optimis viris diligenter perscripta. » (Lettres de Melanchton, p. 351. Lugd.)

Celui qui tenait Melanchton au courant de ces affaires, était probablement Jacques Sturm, recteur de l’Université de Strasbourg, lequel, en ce temps-là, professait à Paris. Ainsi, les rapports de Marguerite avec Gérard Roussel commencèrent en 1529 ou 1530. Sur Gerard Roussel, vovez p. 267.