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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES qu’elle a faict si honnestement que j’ay occasion de m’en contenter, veu l’obéyssance qu’elle a portée au Roy. Vous savés, mon nepveu, les affaires qui ont esté depuis, en sorte que le

peu de loysir que nous

avons eu m’a gardée de l’envoyer quérir, la tenant toutesfois mienne, puisqu’il avoit pleu au Roy me commander la prendre. Mais à ce qu’elle m’escrit et à vous aussy, vous voirés le tort que Montpezat luy a faict et à moy aussy, veu qu’elle estoit mienne. Vous savés

que c’est

que d’ung rapt contre la voulenté de mère et de fille. Si Montpezat n’a plus de faveur qu’il n’a eu de raison, l’on sait bien ce qu’il mérite ; et quant

à moy, qui pour l’amour de luy seulement l’avois acceptée, il m’a gardé si peu d’honnesteté que s’il ve me remet la fille entre mes mains, il ne sera à fin de procès. Par quoy, mon nepveu, je m’adresse à vous, vous priant avoir pitié d’une pauvre vefve ayant perdu deux fils au service du Roy, qui en luy obéyssant, ne sans donner aucune occasion, a esté spoliée de sa fille par force. Je laisse qu’elle est de bonne maison et bien apparentée, car si c’estoit la moindre femme du monde, si est le cas digne de recommandacion, comme ce porteur et son homme vous diront ; priant Dieu, mon nepveu, vous donner aultant de bien que pour soy en sauroit désirer Vostre bonne tante et vraye amye, MARGUERITE.

[F. Béth., nº 8514, fol. 33. Auto.] pas