Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
303
DE LA REINE DE NAVARRE.

112. — A MA COUSINE, MADAME LA MARESCHALE DE CHASTILLON’. (1536.)

Ma cousine, j’ay donné charge à ce porteur de passer par vous pour vous dire bien au long toutes nouvelles, et par là pouvés voir que ce monde n’est plain que de mutacions et nouveaultés cruelles, quy me fait plus que jamais connoistre que bienheureux sont ceulx qui ont mise leur fin et leur espérance en Dieu qui n’est point muable.

Il vous dira comme le roy de Navarre s’en va en Guyenne, faire ses légionnaires’, et en doit ramener quatre mille au Roy. Je demeure icy ; je l’accompagueray jusques à Tournon, où nous espérons faire nostre Pantecoste. Il faut bien que je vous die, ma cousine, que luy et moy nous sommes tant tenus à M. le grant maistre, qu’il n’est possible de plus, car en toutes choses qu’il nous peult faire plaisir, il s’y employe comme pour luy mesmes ; et si vous puis je asseurer que jamais le Roy ne luy porta tant d’affecElle avait élevé Marguerite, puis avait été sa dame d’honneur, et s’était retirée, cédant sa place à la sénéchale de Poitou, grand’mère de Brantôme. Celui-ci assure que madame de Châtillon et le cardinal Du Bellay étaient mariés secrètement. « Le Roy estoit dedans Vienne… trouvant l’avis bon et salutaire de ceux qui disoient qu’il falloit attendre les Suisses et l’infanterie gasconne, pour laquelle lever et emmener il avoit dès longtemps envoyé Henry, roi de Navarre. » (Dualulan, t. II, p. 1447 ; voyez aussi Du Bellas.)

2