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DE LA REINE DE NAVARRE.

servir, je dirois qu’il n’est possible de faire meilleure response que la vostre’, et me semble, monseigneur, que vous me tenés tort de me ramentevoir les mauvais tours que l’Empereur vous fist, quant vous luy envoyastes M. le cardinal” ; car je les ay tant devant les yeux, que saichant l’honnesteté dont vous usastes envers luy et les folles et oultrecuidées responses qu’il • Charles-Quint feignait toujours de vouloir la paix, et d’y chercher des acheminements. Sous ce prétexte, il convoqua à Rome le sacré consistoire (7 avril 1536, Gaill.), et là, à la grande surprise du pape et des cardinaux, prononça contre François Jer une longue diatribe concertée à loisir. Il refusa d’en donner ou d’en laisser prendre copie aux envoyés du roi de France ; mais le cardinal Du Bellay, qui était l’un d’eux, partit en poste, ct, par un surprenant effort de mémoire, rendit mot à mot à François Ier la harangue de Charles V. François Icr y répondit article par article, et envoya sa réponse écrite. C’est celle dont parle ici la reine de Navarre. Voyez ces deux discours dans Du Bellay ou dans le Ferron (DUNAILLAN, t. II, p. 1435, éd. 1615) ; et aussi un passage curieux de Brantôme, où il condamne la moderation des ministres du roi de France, et imagine une scène fanfaronne très-plaisante. Les réponses folles et outrecuidées dont parle Marguerite quelques lignes plus bas, c’est la proposition que fit l’empereur d’un duel entre le roi de France et lui ; duel en chemise, et à coups de poignard.

François Ier avait autrefois défié Charles-Quint, mais d’une façon moins ridicule et que l’âge des deux monarques rendait alors plus cxcusable.

? « Le cardinal de Lorraine alla trouver l’empereur à Sienne pour

négocier la paix, et fit les ouvertures les plus conciliatrices. François Jer, entre autres choses, offrait d’envoyer son fils, le duc d’Or «  léans, avec une suite digne de son nom, aider Charles-Quint dans la conquête d’Alger. L’empereur répondit par une longue deduction « des mêmes griefs exposés dans sa protestation, qui, selon lui, de «  mandaient qu’il s’armât de déhance s’il ne voulait s’exposer à être trompe. » (Du Bentay, t. III, p. 139 ; édit. de l’abbé Lambert.) ce

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