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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES pourroit estre plus. Je ne vous en feray long propous, car je suis seure que vous le croyés et sentés ainsin. Au demeurant, après que l’on a attendu

pour voir

sy le Roy me feroit bonne chère, chescun commence à me venir rechercher, pour avoir vostre amitié. L’on regardoit bien quel visaige le Roy feroit à la venue du président Poyet’; mais il l’a montré aussy joyeux et content de vous que s’il eust eu la pais®, et je croy Guillaume Poyet. Il avait soutenu comme avocat les prétentions de Louise de Savoie, dans son procès contre le connėtable de Bourbon. Ce fut l’origine de sa fortune. Il fut avocat — général, puis président à mortier, enfin il succéda à Ant. Dubourg dans la place de chancelier de France (1538). C’était une âme basse et vénale. Il se fit l’instrument de la haine de Montmorency contre Chabot, et, par une indigne perfidie, feignit d’embrasser les intérêts de l’amiral afin de le perdre plus sûrement. Il alla jusqu’à falsifier les dispositions de l’arrêt

pour les

aggraver. La disgrâce du connėtable, qui suivit de près, entraîna celle du chancelier. Poyet, convaincu de malversations nombreuses, ſut déposé de sa charge ( 1545). Il ne lui servit de rien d’implorer la pitié de Brion rentré en faveur. Lorsqu’il mourut, hai

et méprisé, en 1548, il jouissait encore de dix mille livres de rente et de deux abbayes.

On lui a l’obligation de la célèbre ordonnance de Villers-Cotterets ( 1539), qui prescrit dans tous les actes publics l’emploi de la langue française au lieu de la latine. On lui a reproche d’avoir retardé, autant qu’il lui fut possible, la fondation du collège de France. En 1537, on fit un poëme latin De Improbis Guillelmi Poyeti moribus. Je ne sais s’il est imprimé ; on le trouve dans les manuscrits de Dupuy, 736.

• Charles V, après avoir échoué devant Thérouenne, Péronne, etc., commença à désirer la paix. Sa seur, la reine de Hongrie, proposa des conférences ; elles se tinrent à Bomy, village à deux lieues de Thérouenne. On y conclut, non pas une paix définitive, mais une trève de dix mois. Ce traité est du 30 juillet 1537. Les députés fran-