Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/398

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
378
LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES elles ont aussy bien servy au roy de Navarre comme à moy, car il a esté environ vingt-quatre heures aussy malade d’une colique que je le veis oncques, et a fait de l’eau

alissy noire

que encre. Mais il a prins si grant

joye de ouir la lecture desdictes lettres que je luy ay faicte durant sa maladie, qu’il en est guary. Incontinent

que verrez madame d’Estampes, je vous prie ne faillir à bien au long luy compter ce que à vostre partement je vous donnay charge, et surtout asseurez la bien de l’affection que vous sçavez et avez congueu que

le roy

de Navarre et moy luy portons. S’il estoit possible de luy en dire aultant qu’il y en a, elle en trouveroit autant que jamais créature feist à aultre. Je vous rescriprois lesdicts proupos que vous luy debvez tenir, mais par vostre dernière lettre m’asseurez de ne les avoir oubliés, ceulx

que debvez tenir à la baillifve de Caen’, à laquelle j’escrips une lettre de créance que je vous envoye en ce pacquet, que Ferté faict tenir au conterolleur de postes ne aussy

’La baillive de Caen était de son uom Aymée de La Fayette, mariée à François de Silly, seigneur de Lonray et de Fay, gentilhomme de la chambre du Roi, sou premier valet tranchant, bailly, capitaine de Caen, lieutenant dans la compagnie du duc d’Alençon, etc., etc., mort en 1524.

Madame de Silly, restée veuve, accompagna Marguerite en Espagne. Elle agit si utilement pour les intérêts du Roi prisonnier, que ce prince lui donua la baronnie de l’Aigle, confisquée sur un complice du connetable de Bourbon. Marguerite, devenue reiue de Navarre, nomma la baillive de Caen gouvernante de la princesse Jeanne d’Albret. Il est à noter que madame de Silly était très bonne catholique ; elle fit élever à son mari tin magnifique tombeau dans l’église de Ionray, près d’Alençon. Elle-