Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/40

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NOTICE

Un peu de ma douleur j’ordonne. Voilà mon doloureux mestier. O qu’il sera le bien venu, Celuy qui, frappant à ma porte, Dira : Le Roy est revenu En sa santé très-bonne et forle. Alors sa saur, plus mal que morte, Courra

paiser le messager Qui telles nouvelles apporte Que son frère est hors de danger. Marguerite en arrivant à Madrid trouva son frère en péril de mort. La maladie de François Jer était causée par l’ennui et le désespoir. Madame d’Alençon, maitresse de sa douleur, invoqua les secours de cette religion qu’on l’accusait de trahir au fond l’âme. Elle fit dresser un autel dans la chambre même du malade : tout ce qu’il y avait de Français compagnons de captivité du Roi, grands seigneurs et domestiques, sans distinction , ayant au milieu d’eux la seur de leur monarque à l’agonie, s’agenouillèrent dans cette chambre de prison, et reçurent l’hostie consacrée des mains de l’archevêque d’Embrun. Immédiatement après cette communion, le prélat s’approche du lit et supplie le malade de fixer ses regards sur le saint sacrement. François Jer, réveillé de sa léthargie par cette voix, demanda à communier aussi, en disant : Dieu me guérira