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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. sauf-conduit pour le personnaige qui doit aller vers l’Empereur. C’est elle-même qui est le personnaige,

mais apparemment elle juge plus prudent de ne pas se nommer.

On obtint le sauf-conduit pour six mois, et Marguerite s’embarqua, le 27 août 1525, à Aigues-Mortes, avec le président J. de Selves, Gabriel de Grammont, évêque de Tarbes, Georges d’Armagnac, alors archevêque d’Embrun, depuis cardinal de Tournon, et une suite de femmes assez nombreuse. Débarquée en Espagne, elle voyageait en litière, et fidèle à l’habitude qu’elle avait prise d’occuper tous ses instants, elle composait des vers où elle exprime son impatience d’être au terme de son voyage : Le désir du bien que j’attends Me donne de travail matière, Une heure me dure cent ans ; Et me semble que ma litière Ne bouge ou retourne en arrière, Tant j’ay de m’advancer desir. 0, qu’elle est longue, la carrière Où gist à la fin mon plaisir ! Je regarde de tous costez Pour voir s’il n’arrive personne,

Priant sans cesse, n’en doubtez, Dieu, que santé à mon Roy donne. Quand nul ne voy, l’æil ſ’abandonne A plorer ; puis sur le papier