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NOTICE

Madrid, d’où elle courait à Alcala, à Guadalaxara, sollicitant tout le monde, tâchant de se faire des amis partout, principalement dans la famille du duc de l’Infantado, qui se montrait fort bien disposé pour l’illustre prisonnier. Cependant le duc fut averti de la cour que s’il voulait complaire à l’Empereur, ni lui ni son fils ne devaient parler à madame d’Alençon ; « mais, dit-elle, les dames ne me sont défendues, à qui je parlerai au double. » (Lettre du 21 novembre.) Marguerite en même temps demandait à Montmorency un certain nombre de blancs seings, de la main du Roi, destinés sans doute à acheter quelques dévouements à son frère. Elle ne se bornait pas à travailler ainsi la cour en secret ; elle agissait encore officiellement ; elle parut même devant le conseil d’Espagne, et, au rapport de Brantôme, sa harangue fit une impression profonde sur des hommes endurcis par les habitudes de la politique et les calculs égoïstes de l’ambition. Marguerite, malgré toute l’activité de son zèle, aurait échoué ; mais elle était femme, et femme ingé nieuse : elle employa une autre combinaison. Charles-Quint l’avait mise en relation avec sa seur Éléonore, veuve du roi de Portugal, et les deux princesses s’étaient liées d’une amitié tendre. Éléonore, promise par l’Empereur au connéta-