Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
25
SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. 25

que la dernière heure de la trêve sonnerait avant que la duchesse eùt passé les frontières d’Espagne ; alors il usait de son droit, à la rigueur, et retenait madame d’Alençon prisonnière. Son espoir faillit se réaliser, car Marguerite s’en allait sans aucune défiance. L’avis qu’elle reçut émanait, ce qu’on croit, du connétable de Bourbon, toujours amoureux d’elle, repentant de son crime, et qui trompait cette fois la confiance de CharlesQuint, pour réparer autant que possible sa trahison envers François Jer. Triste condition de la déloyauté. Heureusement il était temps encore ! Madame d’Alençon, à force de diligence et de fatigues, faisant en un jour le chemin de quatre, parvint à se mettre en sûreté. Elle arriva à Salses (Pyrénées-Orientales), une heure avant l’expiration du délai. Elle était sauvée ! Son premier soin fut d’en donner avis à l’Empereur, et sans doute elle ne manqua pas de remercier son ancien prétendant de sa constance,

et des moyens

délicats par lesquels il avait voulu devenir, à tout prix, maître de sa personne. Elle garda de cette affaire un si bon souvenir, que, longtemps après, lorsque Charles-Quint passa par Paris pour gagner les Pays-Bas, elle lui rappela fort à propos l’histoire du sauf-conduit. Je regrette vivement que toutes mes recherches pour retrouver cette lettre aient