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NOTICE

captif avait cédé ? c’est un cas de conscience politique que nous n’avons pas à examiner ici. Le terme du sauf-conduit approchait. Marguerite sollicita une prolongation ; on la lui refusa. Elle partit donc, emportant un acte par lequel François abdiquait la couronne de France en faveur de son fils aîné. Par suite de cet édit, monument honorable

pour le caractère de François Ter, Charles-Quint se trouvait n’avoir plus entre les mains qu’un prisonnier ordinaire, un simple gentilhomme, et le roi de France reparaissait tout à coup au milieu de son peuple. Marguerite s’éloignait lentement et à regret, espérant toujours que quelque bonne nouvelle viendrait l’arrêter en chemin. On voit par une de ses lettres, que le 3 décembre, elle resta à cheval de midi à sept heures pour faire cinq lieues. Elle avait calculé d’être à Narbonne aux fêtes de Noël ; mais tout à coup un avertissement lui est transmis de la part de son frère, de forcer sa marche ?. Trois jours après son départ, une copie de l’acte d’abdication avait été remise à Charles-Quint. Fut-ce imprudence, faux calcul, ou trahison, l’on ne sait ; mais l’Empereur, dont cet acte déjouait les espérances, usa de dissimulation : il comptait 1 Voyez la lettre du 2 décembre 1525 à M. de Montmorency.