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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÈME. Beaucoup de gens se pourroicnt esbahir Que je ne veux ailleurs mon cœur conduire. Las ! jc ne puis autrement le réduire, Et aime mieux en vous aimant avoir Le mal qu’on peut pour tel cas recevoir Que tout le bien dont ils ont la puissance, Et me suffit que mon mal puissiez voir, Mais que’pitić suive la connoissance. (Ms. de Saint-Germain, n° 1556.) Ce qui prouve combien l’on attachait peu

d’importance à ces badinages poétiques, c’est que Marot n’en avait pas seul le privilége. Tout le monde pouvait adresser à la reine de Navarre des déclarations d’amour, pourvu qu’elles fussent rimées. Marguerite loin de s’en fâcher, y répondait par d’autres vers. En voici qu’elle envoya à un M. de Lavaux, qui, certes, n’aurait pas mérité l’indulgence par l’illustration de sa renommée. Ce M. de Lavaux écrivait à la Reine qu’il allait mourir, si elle n’avait pitié de son martyre

Huictain de la royne de Navarre respondant à M. de Lavaur’. Vous estes loin, quoique vostre escrit die, De ceste mort par trop d’affection,

  • Mais que, ma che, pourvu que, italianisme fréquent dans les

lettres de la reine de Navarre, et qui s’est conservé dans quelques provinces.

Inédit. Saint-Germain, 1556, fol. 27. 2