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NOTICE

son imagination assez vive et fleurie pour se plaire avec les uns et avec les autres. Il faut lui en savoir gré, et convenir que cela seul, sans parler des autres preuves, déposerait en faveur de la reine de Navarre contre ses accusateurs, car les études sérieuses moralisent l’âme. Quelques écrivains trop hardis, comme Marot et Bonaventure Desperriers, elles les recueillit et les mit à couvert sous le titre de ses valets de chambre. Elle étendit cette protection sur beaucoup d’hommes illustres poursuivis comme sectateurs des nouvelles opinions religieuses ?  ; elle leur ouvrit un asile dans son royaume de Béarn. Là vinrent se réfugier Lefebvre d’Étaples, Gérard Roussel, Calvin lui-même, et beaucoup d’autres que frappait de terreur le supplice de Louis Berquin. Ce Berquin était un gentilhomme du pays d’Artois, propagateur imprudent et obstiné des idées de Luther. Deux fois Marguerite le tira de prison ; mais à force de récidiver, il s’attira une sentence de mort. Berquin, après avoir été mis au pilori et marqué au front d’un fer rouge, fut Elle secourut avec un soin admirable les réfugiés et les bannis de Paris et de Meaux, à Strasbourg, à Zurich, à Genève. C’est là qu’elle envoya en une seule fois 4, 000 francs d’aumônes. C’étaient les effets de sa bonté et piété, et des témoignages de sa bonne et royale nature. » (SLEIDAN.)