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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. mené sur le parvis Notre-Dame, où il fit amende honorable, la corde au cou, la torche au poing ; de là on le conduisit en place de Grève, où il fut brûlé vif avec ses écrits, le 17 avril 1529, en présence de vingt mille personnes. Voilà de quel châtiment on punissait l’hérésie, et il ne tint pas à quelques fanatiques docteurs de Sorbonne que la compatissante Marguerite n’en fit l’épreuve. Noël Béda, syndic de la faculté de théologie, essaya contre elle le système d’inquisition qui lui avait réussi contre Érasme et contre Lefebvre d’Étaples. Il déféra à la faculté un poëme de la reine de Navarre intitulé : le Miroir de láme pécheresse. Marguerite n’y avait parlé ni des saints ni du purgatoire : preuve manifeste qu’elle n’y croyait pas ! Mais cette fois la malice du vieux docteur échoua contre le bon sens et l’éloquence de Guillaume Petit, évêque de Senlis, qui se fit devant la Sorbonne l’avocat du livre et de l’auteur. Marguerite fut acquittée avec son Miroir. Il arriva même quelque temps après que, sous un prétexte quelconque, on prit Noël Béda, et on l’enferma au mont Saint-Michel, où il mourut, pour lui

apa prendre à calomnier les poésies des reines et prindu sang

royal. Mais cette reine, cette princesse n’en avait pas moins été réduite à se défendre devant la Sor- 4 cesses