Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/78

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NOTICE

seur. manifestement en vue le connétable de Montmorency, dont la prudente ingratitude attendit pour perdre sa bienfaitrice, qu’il n’eût plus besoin de ses bienfaits. Montmorency déclara un jour au Roi que, s’il voulait extirper l’hérésie en sevissant contre les hérétiques, il devait commencer par sa — —— « Oh ! pour celle-là, répondit François, n’en parlons point ; elle m’aime trop. Elle ne croira jamais que ce que je voudrai, et ne prendra jamais de religion qui préjudicie à mon Estat. » Réponse où l’orgueil du politique se montre autant ou plus que la tendresse du frère. Marguerite, ajoute Brantôme, sut la tentative du connétable, dont oncques puis ne l’aima jamais. Montmorency paraît avoir obtenu plus de succès du côté du roi de Navarre. Il sema le trouble entre les deux époux au point qu’Henri se serait porté jusqu’à maltraiter Marguerite, et que l’intervention menaçante du Roi serait devenue nécessaire

pour faire

respecter sa sœur et rétablir la paix dans le ménage. Je rapporte ce dernier fait d’après Brantôme, dont les caquets ne doivent être écoutés qu’avec une défiance extrême. M.

de Montmorency peut avoir été un habile capitaine, un grand homme d’État, mais c’était un fort vilain caractère ; le proverbe Dieu nous