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NOTICE

mine ce recueil, on peut juger combien elle était sollicitée.

Vers la fin de 1534, l’esprit religionnaire, mal contenu par la volonté du Roi et les rigueurs de la Sorbonne, fit tout à coup explosion. Des placards injurieux à la religion catholique furent affichés la même nuit en divers endroits de la capitale et dans les principales villes de province. Il s’en trouva jusque sur les murs du palais habité par le Roi. François Ie", justement irrité, fit rechercher les coupables. On arrêta préventivement un grand nombre de personnes, et dans le nombre Gérard Roussel, un des protégés de Marguerite. Gérard Roussel prouva son innocence ; d’autres, moins heureux et, il faut le croire, plus coupables, furent brûlés à l’Estrapade avec des tortures inouïes, et un appareil plus digne d’une horde de sauvages que

d’une nation civilisée. Une procession expiatoire fut faite dans les rues de Paris, après quoi le Roi voulut bien condescendre à des mesures moins atroces. Il alla même si loin dans le sens opposé, qu’il consentit à appeler Mélancthon, pour le faire disputer avec les docteurs de Sorbonne, sur les matières de la foi. Cette inconséquence semble prouver que François I", dans l’affaire des placards, sous prétexte de venger la religion, ne vengeait réellement que son orgueil