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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. offensé. Le Roi et, ce qui est plus étrange, l’évêque de Paris, que du reste l’on a aussi accusé d’hérésie, écrivirent de leur main au disciple chéri de Luther. Mélancthon voulait partir, l’électeur Palatin lui en refusa la permission’. Quelques historiens, entre autres Maimbourg, le Père Daniel et Varillas, ont avancé que cet appel de Melancthon Je ne dy pas que Mélancthon Ne desclare au Roy son advis ; Mais de disputer vis à vis, Nos maistres n’y veulent entendre. (Ép. du Coq à l’Asne.) Marot, qui avait ses raisons pour ne pas aimer la Sorbonne, se trompe volontairement ou involontairement, et égare son commentateur trop confiant : « Les docteurs de Sorbonne, dit M. Auguis, qui n’avaient lu que leur saint Thomas, craignaient de s’exposer avec des gens qui avaient lu l’Écriture sainte. » Il est certain que l’obstacle qui empêcha ce débat théologique ne vint pas de la Sorbonne, mais bien de l’électeur Palatin qui refusa aux prières de Mélancthon et à celles de Luther la permission d’exécuter ce voyage. Ce refus même était conçu en termes durs qui affligèrent Mélancthon : gallicum iter omisi libenter, ac facile passus sum mihi non dari commeatum, sed poterat princeps negare sine contumelia. (Epist., lib. v.) Sur quoi Varillas ne manque pas de prendre, selon sa coutume, le contre-pied de la vérité : « L’électeur de Saxe s’imagina qu’il ne tenoit plus qu’à cela que toute la France ne devant luthérienne. Il ne délibéra pas un instant sur la demande qu’on « lui faisoit : il ne se contenta pas de céder un homme dont il croyoit avoir encore beaucoup affaire ; il l’exhorta de plus à se « mettre promptement en chemin. » De pareils historiens sont une calamité publique.

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