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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULEME. dolente mère la mort de sa fille unique ? J’entends bien qu’elle est maintenant avec Dieu. » Le sage évêque prit quelques précautions pour ne l’émouvoir pas trop en lui apprenant que sa fille était hors de péril. C’était mal connaître la fermeté de la Reine. Elle ne s’abandonna pas

à une joie impétueuse, mais levant les mains au ciel, elle glorifia la bonté de Dieu, et lui rendit d’humbles actions de grâces. C’est ainsi qu’elle fut récompensée de sa foi.

Peu de temps après, son cœur znaternel éprouva un autre chagrin, d’autant plus amer qu’il lui fut suscité par son frère. On a vu comment François ler, ne s’assurant pas sur le dévouement pourtant bien éprouvé d’Henri et de Marguerite, leur avait ôté leur unique enfant pour la faire élever à sa fantaisie : c’était un pur égoïsme. Craignant toujours que les père et mère ne donuassent leur fille au fils de Charles-Quint, il se hâta de disposer de la main de Jeanne d’Albret. La princesse n’avait

pas douze ans quand son oncle, ou plutôt son geôlier, la maria au duc de Cleves, Guillaume III, sans consentement de père ni de mère, dit Olhagaray. La cérémonie se fit à Chàtellerault, le 15 juillet 1540. Jeanne protesta, ou fit protester contre cette violence devant Jean d’Arbères, Francois Navarre, médecin, Gensane