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NOTICE

qu’on la laissât seule avec sa fidèle dame d’honneur, la sénéchale de Poitou". Marguerite se jette à genoux devant le crucifix, pleure, supplie, s’accuse d’être, par ses péchés, la cause de la maladie de sa fille. En sortant, elle parla encore à ceux qui l’entouraient:« Maintenant, dit-elle, le Saint-Esprit m’a promis que ma fille recouvrera la santé. » Elle rentre ; le souper l’attendait. Tant qu’il dura, elle ne tint d’autre discours que de la miséricorde et de la bonté de Dieu. La table étant levée, elle renvoya tout le monde et se remit en oraison ; en ouvrant sa Bible, elle tomba sur le cantique d’Ezéchias, roi de Juda. Cela lui parut d’heureux présage. Aussitôt retentit le cornet d’un postillon, et l’intensité croissante du son montrait avec quelle hâte il courait. On se rassemble sur la porte ; Marguerite s’élance à la fenêtre et demande quelles nouvelles ? Personne ne lui répond; elle retourne à ses prières. Au bout de quelques minutes, la porte de la chambre s’ouvre et donne entrée à Nicolas d’Anguye, évêque de Séez, qui depuis le fut de Mende. La Reine était agenouillée sur le plancher, appuyée contre un petit banc et la face prosternée contre terre : « Ah, monsieur de Séez ! venez-vous ici annoncer à une Louise de Daillan, mariée à André de Vironne, sieur de la Châtaigneraye, grand mère de Branlôme.