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NOTICE

« Pour mieux penser à la prochaine mort, « Sans plus avoir mémoire ni remord, Si en amour a douleur ou plaisir. >>>

C’est ainsi que la bonne reine de Navarre charmait ses dernières années par

les travaux de l’intelligence et les occupations d’une philosophie mêlée de dévotion et de littérature. Le trait saillant du caractère de Marguerite, c’est d’avoir allié toute sa vie les idées religieuses et les idées d’amour mondain. Ce mélange se retrouve dans tout ce qu’elle a écrit, comme dans sa conduite. En voici un exemple qui appartient à l’époque où nous sommes parvenus. Le capitaine Jean de Bourdeille, frère puîné de Brantôme, avait été dans sa jeunesse destiné à l’état ecclésiastique, et envoyé à l’université de Ferrare pour y faire ses études. Là, il s’éprit vivement d’une dame française, veuve, nommée madame de La Roche. Voyant qu’il refusait d’entrer dans les desseins de sa famille, son père finit par le rappeler. Jean de Bourdeille revint donc, et ramena avec lui madame de La Roche, laquelle ayant été autrefois fille d’honneur de la reine de Navarre, souhaita de rentrer auprès de son ancienne maîtresse, d’autant qu’elle était soupçonnée de pencher au lutheranisme, et que la cour de Nérac était le refuge inviolable des gens dor-