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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULEME. thodoxie suspecte. Madame de La Roche obtint aisément ce qu’elle désirait, et Jean de Bourdeille s’en alla de son côté guerroyer en Piémont. Cinq ou six mois après, le capitaine Bourdeille, beau gentilhomme de vingt-quatre ans, revient de l’armée et ne manque pas d’aller, à Pau, voir sa mère et faire la révérence à la reine de Navarre. Il trouva la Reine qui sortait de vêpres. Elle, qui était la meilleure princesse du monde, rentre avec lui dans l’église déserte, et s’y promène, l’interrogeant des nouvelles d’Italie et de ses aventures particulières ; de ses défuntes amours pas un mot. Tout à coup Marguerite arrête le jeune capitaine, et lui prenant la main : « Mon cousin, dit-elle en changeant de ton et de

propos, ne sentez-vous point rien mouvoir « soubs vos pieds ? — Non, madame, répondit-il. Mais songez y bien, mon cousin, lui répli «  qua-t-elle. —--— Madame, jy ay bien songé, mais « je ne sens rien mouvoir, car je marche sur une « pierre bien ferme. Or je vous advise, dit « alors la Reyne, que vous estes sur la tombe et ale

corps de la

pauvre madamoiselle de La Ro «  che, qui est icy dessoubs vous enterrée, que « vous avez tant aymée. Et puisque les âmes ont « du sentiment après nostre mort, il ne faut

pas « doubter que ceste honneste créature, morte de .