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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULEME. 75

Certes si la reine de Navarre fut un moment séduite par les apparences d’une réforme qui s’annonçait comme fille de la raison et promettait une observation plus stricte et mieux entendue des préceptes divins, en voyant Marguerite proclamer l’efficacité de la prière pour les morts et recommander l’usage de l’eau bénite, on peut juger qu’elle était bien revenue de cet ancien penchant. Cependant les haines religieuses grondaient autour d’elle et venaient la menacer jusque dans sa paisible retraite. Elle eut avec l’évêque de Condom une querelle dont le sujet n’est pas suffisamment éclairci dans sa correspondance. Il paraît que l’évêque, abusant de la chaire évangélique, comme il arrivait trop souvent alors, avait dans ses sermons attaqué le Roi. Marguerite, toujours fidèle sujette, poussa cette affaire avec plus de vigueur que son frère n’en avait mis à la venger elle-même dans une occasion pareille. L’évêque fut puni ; mais il avait beaucoup de partisans, soit laïques, soit ecclésiastiques. Marguerite fut avertie de se tenir sur ses gardes : que l’on usoit fort de poysons de ce costé là. On donna des ordres pour que nul étranger ne pût pénétrer dans les cuisines, et comne le bruit courait

que les moines avaient trouvé le secret d’empoisonner par le moyen de la fumée d’en-