Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

t’y fie pas, il n’est pas pour qu’on élève les jeunes gens à la Prussienne, une-deux, comme tu voudrais, comme tu essayes de faire ! N’oublie pas que je dois être un jour le chef de la famille, et que je remplace ici mon père !

— Ton père ! exclama douloureusement Mme Janville, plût à Dieu qu’il fût ici pour te faire obéir. La tâche des femmes veuves n’est pas commode, oh ! non, ni agréable, avec des enfants ingrats et révoltés. Tu me punis cruellement de ma bonté, ou plutôt de ma faiblesse pour toi !

— Allons, maman, voyons, pas de grands mots pour un misérable pardessus !

— Le pardessus, oui, et les faux cols, et la bicyclette, et le jour où je n’ai pas voulu te mener à l’Odéon, et la scène que tu m’as faite après une visite chez les Reverchon ; tout te sert d’occasion pour m’opprimer, et tu me rends vraiment bien malheureuse !

— Moi ! fit-il au comble de la stupéfaction, mais d’une stupéfaction à moitié jouée, et il avait la sensation que leurs paroles n’étaient pas d’un ton juste, manquaient de simplicité, prenaient quelque chose de théâtral, — moi, c’est moi qui t’opprime ! Moi, qui te force à mettre des faux cols qui t’asphyxient ;