Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/38

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moi, qui te force à revêtir un pardessus infect ? Allons bon, tu pleures ! Est-ce ma faute ! Voyons, maman, maman, ne pleure pas. Allons, mais c’est à moi que tu fais de la peine, méchante ! Ne pleure plus, veux-tu que je le mette, tiens, je le mets, ton pardessus !

— Non, mon enfant, mets le neuf ! dit Mme Janville, en contenant les larmes que son fils lui épongeait aux yeux, de son propre mouchoir.

Et ayant cédé, comme toujours, prenant l’air malheureux d’Albert pour une expression de sincère regret, elle murmura :

— Je ne pleure plus, c’est fini, mais alors, si tu me permets... de te donner un petit conseil, prends un foulard, je ne veux pas que tu t’enrhumes !

Albert sortit, sanglé dans le pardessus neuf qui ne lui fit, cette fois, aucun plaisir ; même, ce qu’il n’éprouvait jamais, il y fut gêné, mal à l’aise. Persuadé que tout le monde s’en apercevait, il marchait dans la rue d’un air indifférent et détaché, ne sachant que faire de ses bras, qui l’embarrassaient positivement. Il les nouait derrière son dos, les agitait en battant de pendule, les fourrait dans ses poches, et, quoiqu’il fît, il gardait