Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/49

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avec la marque de la vie pourtant et de la souffrance, pût s’accommoder de ces cheveux blancs, qui, ne la vieillissant que de loin, la faisaient paraître de près toute jeune, semblaient le caprice coquet d’une femme qui se serait pou-drée en marquise.

Ce qui le charmait surtout, c’est que, sans artifice, sans avoir l’air d’y songer, elle employait avec lui le ton juste et les manières qui pouvaient le mettre le plus à l’aise, lui donner l’impression, non qu’on le prenait au sérieux par condescendance ou pour le flatter, mais qu’on l’acceptait tel qu’il était, sans qu’elle parut le moins du monde s’apercevoir des bouffées de timidité qui lui montaient, au visage, en teintes roses, ni des poses d’une immobilité contrainte qu’il gardait, ni de son faux aplomb qui tout à coup le faisait s’exprimer d’une façon trop absolue ou trop libre. Elle le regardait comme s’il l’intéressait vraiment, avec sympathie, avec aisance, et il en était délicieusement chatouillé dans son amour-propre, et comme réchauffé et fortifié dans le cœur. Il lui semblait cette chose précieuse et douce entre toutes, que Mme Emonot et lui se connaissaient déjà, se retrouvaient, étaient et seraient amis. Il ne pouvait,