Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/83

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j’aime bien, mais il ne faut pas que ça aille plus loin. A ton âge et au mien, ce serait très mal. Pense à ta mère, pense à ma fille. Et Ferdinand qui t’a dit qu’il me confiait à toi ! Là-dessus, donne-moi une bonne poignée de main, prends garde de renverser ta tasse ; non, tu ne veux pas me donner une poignée de main, eh bien ! embrasse-moi, je te le permets, mais ce sera la dernière fois.

Albert posa sa tasse et saisit sa « tante » à pleins bras, lui baisa de toutes ses forces les joues et le cou, en l’étreignant si fort qu’il la plia en arrière, sur le lit ; elle ne se fâcha pas, ne se raidit pas, dit seulement :

— Tu m’as embrassée comme un enfant que tu es, un grand fou, pas raisonnable ; je vais t’embrasser en vieille tante et ce sera fini.

Elle lui jeta deux baisers secs sur le front et se retira, en ajoutant :

— Je viens de recevoir une dépêche de Ferdinand, je pars à 3 heures avec Nénette pour le rejoindre !

Albert se leva le cœur déchiré. Gabrielle partant, plus de pêche à la crevette, plus de flirt et de cousinage équivoque. Il se prit tout à coup à