Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/84

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penser Mme Emonot, se rappela l’invitation qu’elle lui avait faite : s’il n’était pas trop tard, s’il pouvait passer la journée avec elle et avec Pierre ! Ingrat envers Gabrielle comme l’ordonnaient son âge et son égoïsme ingénu, il réfléchit qu’à tant faire que de partir, elle eût bien dû prendre un train du matin, qui lui eût laissé sa journée libre, à lui. Mais peut-être ne serait-il pas forcé de l’accompagner à la gare. L’idée cependant de tout ce qu’il perdait en Gabrielle, d’espérances chimériques, sans doute, mais aussi belles pour lui que si elles avaient dû positivement se réaliser, le consterna. Il s’habilla machinalement et sortit. Nénette, qui l’aperçut derrière la grille, lui cria :

— Tu vas promener, dis, emmène-moi !

Il hésita :

— Va demander la permission à ta mère.

Elle y courut, et pendant ce temps il s’éclipsa rapidement. Il sentait bien que c’était une trahison peu gentille envers l’enfant, mais elle était encore par trop enfant aussi, et il ne se souciait pas de l’amuser en courant sur la plage ou en cueillant, ce qu’elle aimait par-dessus tout, des bouquets de fleurs dans les haies vives. Il avait d’ailleurs besoin