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Retourne en brief en perte et décadence.
Estre venu des parens généreux,
N’empesche point qu’on ne soit malheureux.
Les beaux habits, le jeu, le ris, la danse,
Ne laissent d’eux que deuil et repentance :
Et la beauté, tant agréable aux yeux,
Se part de nous quand nous devenons vieux.
Boire et manger, et vivre tout à l’aise,
Revient aussi à douleur et malaise.
Beaucoup d’amis, richesse, ny sçavoir,
De contenter, qui les a, n’ont pouvoir.
Brief, tout le bien de ceste vie humaine
Se garde peu et s’acquiert à grand’peine.
Que nous sert donc icy nous amuser
Aux vanitez, qui ne font qu’abuser ?
Il faut chercher en bien plus haute place
Le vray repos, le plaisir et la grace
Qui promise est à ceux qui de bon cœur
Retourneront à l’unique Sauveur :
Car au ciel est nostre éternel partage,
Jà ordonné parmi nous en héritage.
Mais qui pourra, ô père très-humain,
Avoir ceste heur, si tu n’y mets la main,
D’abandonner son péché et offense,
En ayant fait condigne pénitence ?
Ou qui pourra ce monde despriser,
Pour seul t’aymer, honorer et priser ?
Nul pour certain, si ta douce clémence
Le prevenant, à tes biens ne l’avance,
Parquoy, Seigneur et pere souverain,
Regarde moy de visage serain,
Dont regardas la femme pécheresse.
Qui à tes pieds pleurait ses maux sans cesse :
Dont regardas Pierre, pareillement,
Qui jà t’avait nié par jurement :
Et comme à eux, donne moy ceste grâce,
Que ta mercy tous mes pechez efface.
En retirant de ce monde mon cœur,