Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/176

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le valet à la raison, je l’ai réduit : vous réduirez le maître. Il fera un peu plus de façon ; il disputera le terrain ; il faudra le pousser à bout. Mais c’est à vos genoux que je l’attends ; je l’y vois d’avance ; il faudra qu’il y vienne. Continuez ; ce n’est pas avec des yeux comme les vôtres qu’on manque son coup ; vous le verrez.

HORTENSE

Je le souhaite. Mais tu as parlé au valet, Rosimond n’a-t-il point quelque inclination à Paris ?

MARTON

Nulle ; il n’y a encore été amoureux que de la réputation d’être aimable.

HORTENSE

Et moi, Marton, dois-je en croire Frontin ? Serait-il vrai que son maître eût de la disposition à m’aimer ?

MARTON

Nous le tenons, Madame, et mes observations sont justes.

HORTENSE

Cependant, Marton, il ne vient point.

MARTON

Oh ! mais prétendez-vous qu’il soit tout d’un coup comme un autre ? Le bel air ne veut pas qu’il accoure : il vient, mais négligemment, et à son aise.

HORTENSE

Il serait bien impertinent qu’il y manquât !

MARTON

Voilà toujours votre père à sa place ; il a peut-être à vous parler, et je vous laisse.