Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/505

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grave ; mais pour volage, s’il n’y a que cela qui vous retienne, partons ; quand vous me connaîtrez mieux, vous ne me reprocherez pas ce défaut-là.

LA COMTESSE

Parlons raisonnablement : vous pourrez me plaire, je n’en disconviens pas ; mais est-il naturel que vous plaisiez tout d’un coup ?

LE CHEVALIER

Non ; mais si vous vous réglez avec moi sur ce qui est naturel, je ne tiens rien ; je ne saurais obtenir votre cœur que gratis. Si j’attends que je l’aie gagné, nous n’aurons jamais fait ; je connais ce que vous valez et ce que je vaux.

LA COMTESSE

Fiez-vous à moi ; je suis généreuse, je vous ferai peut-être grâce.

LE CHEVALIER

Rayez le peut-être ; ce que vous dites en sera plus doux.

LA COMTESSE

Laissons-le ; il ne peut être là que par bienséance.

LE CHEVALIER

Le voilà un peu mieux placé, par exemple.

LA COMTESSE

C’est que j’ai voulu vous raccommoder avec lui.

LE CHEVALIER

Venons au fait ; m’aimerez-vous ?