Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/506

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LA COMTESSE

Mais, au bout du compte, m’aimez-vous, vous-même ?

LE CHEVALIER

Oui, Madame ; j’ai fait ce grand effort-là.

LA COMTESSE

Il y a si peu de temps que vous me connaissez, que je ne laisse pas que d’en être surprise.

LE CHEVALIER

Vous, surprise ! Il fait jour, le soleil nous luit ; cela ne vous surprend-il pas aussi ? Car je ne sais que répondre à de pareils discours, moi. Eh ! Madame, faut-il vous voir plus d’un moment pour apprendre à vous adorer ?

LA COMTESSE

Je vous crois, ne vous fâchez point ; ne me chicanez pas davantage.

LE CHEVALIER

Oui, Comtesse, je vous aime ; et de tous les hommes qui peuvent aimer, il n’y en a pas un dont l’amour soit si pur, si raisonnable, je vous en fais serment sur cette belle main, qui veut bien se livrer à mes caresses ; regardez-moi, Madame ; tournez vos beaux yeux sur moi, ne me volez point le doux embarras que j’y fais naître. Ha quels regards ! Qu’ils sont charmants ! Qui est-ce qui aurait jamais dit qu’ils, tomberaient sur moi ?