Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/360

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penchant vous prévenait pour un autre ; car peut-être aimez-vous ailleurs, et ce serait encore pis.

PHOCION

Non, vous dis-je ; je vous ressemble ; je n’ai jusqu’ici senti mon cœur que par l’amitié que j’ai eu pour vous, et si vous ne me retiriez pas la vôtre, je ne voudrais jamais d’autre sentiment que celui-là.

AGIS

, d’un ton embarrassé.

Sur ce pied-là, ne vous exposez pas à revoir la Princesse ; car je suis toujours le même.

PHOCION

Vous m’aimez donc encore ?

AGIS

Toujours, Madame, d’autant plus qu’il n’y a rien à craindre ; puisqu’il ne s’agit entre nous que d’amitié, qui est le seul penchant que je puisse inspirer, et le seul aussi, sans doute, dont vous soyez capable.

PHOCION

et

AGIS

, en même temps.

Ah !

PHOCION

Seigneur, personne n’est plus digne que vous de la qualité d’ami : celle d’amant ne vous convient que trop ; mais ce n’est pas à moi à vous le dire.