Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/382

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ne s’agit plus de penchant ; votre séjour ici est désormais impraticable ; il vous ferait tort ; Dimas sait qui vous êtes. Vous, dirai-je plus ? Il sait le secret de votre cœur ; il vous a entendu ; ne nous fions ni l’un ni l’autre à la discrétion de ses pareils. Il y va de votre gloire, il faut vous retirer.

PHOCION

Me retirer, Seigneur ! Eh dans quel état me renvoyez-vous ? Avec mille fois plus de trouble que je n’en avais. Qu’avez-vous fait pour me guérir ? À quel vertueux secours ai-je reconnu le sage Hermocrate ?

HERMOCRATE

Que votre trouble finisse à ce que je vais vous dire. Vous m’avez cru sage ; vous m’avez aimé sur ce pied-là : je ne le suis point. Un vrai sage croirait en effet sa vertu comptable de votre repos ; mais savez-vous pourquoi je vous renvoie ? C’est que j’ai peur que votre secret n’éclate, et ne nuise à l’estime qu’on a pour moi ; c’est que je vous sacrifie à l’orgueilleuse crainte de ne pas paraître vertueux, sans me soucier de l’être ; c’est que je ne suis qu’un homme vain, qu’un superbe, à qui la sagesse est moins chère que la méprisable et frauduleuse imitation qu’il en fait. Voilà ce que c’est que l’objet de votre amour.

PHOCION

Eh ! je ne l’ai jamais tant admiré !

HERMOCRATE

Comment donc ?