Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Scène XVI

PHOCION, HERMOCRATE


HERMOCRATE

Que signifie cet empressement d’Agis ? Je ne sais ce que j’en dois croire ; depuis qu’il est avec moi, je n’ai rien vu qui l’intéressât tant que vous : vous connaît-il ? Lui avez-vous découvert qui vous êtes, et m’abuseriez-vous ?

PHOCION

Ah ! Seigneur, vous me comblez de joie : vous m’avez dit que vous aviez été jaloux ; il ne me restait plus que le plaisir de le voir moi-même, et vous me le donnez : mon cœur vous remercie de l’injustice que vous me faites. Hermocrate est jaloux, il me chérit, il m’adore ! Il est injuste, mais il m’aime ; qu’importe à quel prix il me le témoigne ? Il s’agit pourtant de me justifier : Agis n’est pas loin, je le vois encore ; qu’il revienne, rappelons-le, Seigneur ; je vais le chercher moi-même ; je vais lui parler, et vous verrez si je mérite vos soupçons.

HERMOCRATE

Non, Aspasie, je reconnais mon erreur ; votre franchise me rassure ; ne l’appelez pas, je me rends ; il ne faut pas encore que l’on sache que je vous aime : laissez-moi le temps de disposer tout.