Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/147

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Et pendant qu’il tenait ce discours, ajouta-t-elle, ses regards se sont tellement attachés et fixés sur moi, que je n’ai pu m’empêcher de baisser les yeux. Qu’est-ce donc que cela signifie ? Et à quoi songe-t-il ? Quand je serais d’humeur à me remarier, ce qu’à Dieu ne plaise, ce ne serait pas un homme de son âge que je choisirais, et il faut sans doute que j’aie mal entendu.

Je ne sais plus ce que je lui répondis ; mais cet homme, trop jeune pour devenir son mari, ne l’était point trop pour lui plaire. Ne lui parlez point de ce que je vous rapporte là, me dit-elle ; j’ai peut-être eu tort d’y faire attention. Et elle n’y en fit que trop dans la suite.

Cependant, on reçut des nouvelles de ma mère, qui envoyait le consentement le plus complet, joint à la lettre du monde la plus honnête, avec une autre lettre pour Mme de Sainte-Hermières, dans laquelle il y avait quelques lignes pour moi. De sorte qu’on allait hâter mon mariage, quand tout fut arrêté par une maladie qui me vint, qui fut aussi longue que dangereuse, et dont je fus plus de deux mois à me rétablir.

L’abbé, pendant qu’elle dura, parut s’inquiéter extrêmement de mon état, et ne passa pas un jour sans me voir ou sans venir savoir comment j’étais ; jusque-là que le baron, à qui son neveu, devenu libre, avait avoué qu’il se marierait volontiers, s’il trouvait une personne qui lui convînt, s’imagina qu’il avait des vues sur moi, et me demanda ce qui en était. Non, lui repartis-je, votre neveu ne m’a jamais rien témoigné