Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/148

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de ce que vous me dites là ; il ne s’intéresse à moi que par de simples sentiments d’estime et d’amitié ; et c’était aussi ma pensée, je n’en savais pas davantage.

Enfin je guéris, et comme je n’allais épouser le baron que par un pur motif de raison qui me coûtait, cela me laissait encore un peu de tristesse, qu’on prit pour un reste de faiblesse ou de langueur, et le jour de notre mariage fut fixé ; mais ce fut le baron de Sercour, et non pas Mme de Sainte-Hermières, qui me pressa de hâter ce jour-là.

Ce que je trouvai même d’assez singulier, c’est qu’elle cessa, depuis ma convalescence, de m’encourager à me donner à lui, comme elle avait fait auparavant. Il me paraissait, au contraire, qu’elle n’eût pas désapprouvé mes dégoûts.

Vous êtes rêveuse, je le vois bien, me dit-elle un matin qu’elle était venue chez moi ; et je vous plains, je vous l’avoue.

La veille du jour de notre mariage, elle souhaita que je vinsse passer toute la journée chez elle, et que j’y couchasse.

Ecoutez, me dit-elle sur le soir, il n’y a encore rien de fait. Ouvrez-moi votre cœur ; vous sentez-vous trop combattue, n’allons pas plus loin ; je me charge de vous excuser auprès de la marquise, n’en soyez pas en peine, et ne vous sacrifiez point. À l’égard du baron, son neveu lui parlera. Est-ce que l’abbé est instruit ? lui repartis-je. Oui, me répondit-elle, il vient de me le dire ; il sait tout, et j’ignore par où. Hélas ! madame, repris-je, je n’ai suivi que