Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/152

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Ce bruit continua ; j’en fus émue, et dans mon émotion je criai : Qui est là ? N’ayez point de peur, mademoiselle, me répondit une voix que je crus reconnaître à travers la frayeur qu’elle me fit. Et aussitôt je vis paraître l’abbé, qui d’un air riant, sortit du cabinet.

Je restai quelque temps les yeux ouverts sur lui, toute saisie, et sans pouvoir lui rien dire. Ah ! mon Dieu, que faites-vous là, monsieur ? lui dis-je ensuite, respirant avec peine, qui vous a mis ici ? Ne craignez rien, me dit-il en s’asseyant hardiment à côté de moi ; je n’y suis simplement que pour y être.

Et quel est votre dessein ? poursuivis-je d’un ton de voix plus fort ; sortez tout à l’heure, ajoutai-je en me levant pour ouvrir ma porte. Mais comme je vous l’ai dit, la femme de chambre l’avait fermée. Me voilà au désespoir, et je voulus ouvrir une fenêtre pour appeler. Non, non, je vais me retirer dans un moment par l’escalier dérobé, me dit-il en m’arrêtant par le bras. Croyez-moi, point de bruit ; tout est couché, tout dort, et quand vos cris feraient venir du monde, tout ce qu’on en pourra penser, c’est que j’aurai voulu abuser du rendez-vous et de l’heure où nous sommes ; mais on n’en croira pas moins que je suis ici de votre aveu.

De mon aveu, méchant ! Un rendez-vous ! m’écriai-